Les Marquises, un nom évocateur pour les connaisseurs de Brel, de Gauguin ou de Melville. Hiva Oa, une des trois îles habitées du groupe sud des Marquises qui en compte six, se trouve à 1200 km au nord-ouest de l’île de Tahiti. Le bout du monde… mais aussi le paradis pour les pêcheurs.

(Récit paru dans Voyages de Pêche n°99, août 2013)

 

Nés et habitant à Tahiti, le jig est une passion que nous ne pouvons assouvir totalement qu'en dehors des lieux habituels que sont Tahiti et ses environs. Les poissons s'y sont raréfiés du fait du nombre de pêcheurs sans cesse croissant. Les années précédentes, notre groupe avait eu l'occasion de tester la qualité des prises à Nuku Hiva, une île du groupe Nord des Marquises, à trois heures et demi d’avion de Tahiti. Cette année, le choix s'est porté sur trois spots situés à une heure du port d'Atuona sur l’île d’Hiva Oa.

Le premier jour a démarré à proximité d'un DCP, mais pas la moindre touche. Il a fallu bouger, chercher au sondeur pour finalement enregistrer les premiers crissements de frein. Dès lors, les remontées se sont succédées en alternant thons jaunes, thons à dents de chien, carangues noires et jobfishes. La bonne surprise du jour est venue d'une carangue à grosse tête (GT) d'une

quarantaine de kg, prise au jig. Les filets de jobfish, confiés aux mains expertes du cuisinier de l'hôtel Hanakee Pearl Lodge, ont constitué un excellent carpaccio ! Après une bonne nuit dans le frais des bungalows climatisés, nos muscles endoloris vont être soumis à rude épreuve le lendemain.

Le spot choisi par le capitaine est situé sur le versant protégé de l'île de Motane, à une heure de navigation avec notre bonitier (sorte de vedette taillée pour tenir la mer par tous les temps et foncer dans les vagues à la poursuite des bonites). Contrairement à la veille, il n'a pas fallu attendre longtemps pour entendre le chant des moulinets. Il y a même eu à un moment quatre touches simultanées. Ce lieu justifie sa réputation d'endroit vierge où les poissons n'ont jamais vu un jig. Les “doggies" d'une vingtaine de kilos ont été les plus nombreux à se faire piéger. Et puis, coup sur coup, deux prises de 36 et 41 kilos ont mis les champions du jour dans un état d'euphorie. Des jobs d'une dizaine de kilos ainsi que des carangues noires et deux mahi mahi ont complété le tableau du jour.

Troisième sortie sur un spot de la côte nord. Les casses sont nombreuses, les requins sont de la partie. Ici, malgré les sensations qu'ils peuvent procurer, ils ne sont pas les bienvenus. Et pourtant il y en a des gros. Ils nous dévorent les prises et cassent les lignes assez fréquemment. À une demie heure de la fin de pêche fixée par le capitaine, alors que les deux équipes sont à égalité en nombres de prises, le coup de grâce est asséné par le doyen des pêcheurs avec un doggie de 49 kilos. Inutile de vous décrire l'ambiance ! Car jamais au cours des campagnes précédentes dans les Marquises nous n’avions réussi à ramener pareille prise.

Le quatrième jour n'a pas été aussi riche du fait de vents tournants en rafales à plus de 30 nœuds qui ont perturbé le positionnement du bateau. Malgré cela, nous n'avons pas été bredouilles. Quelques thons jaunes et doggies ont fait les frais de notre acharnement !

Alex Champes

Papeete, Tahiti